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15 avril 2009 3 15 /04 /avril /2009 20:45

Livre "Charlet"

Une énigme enfin résolue :

"Rendons à César ce qui est à César !"

 

Nous possédons dans la famille un mémento sur lequel le prénom de notre ancêtre est libellé "César-Marie". Des cousins et cousines écrivaient dans leur généalogie sur internet qu'il portait les prénoms de "Marie-César". Et nos parents l'ont toujours connu comme étant appelé "César". La question qui se posait était donc : "César CHARLET était-il né César ou Marie-César ou César-Marie ?"

Pour obtenir une réponse, il fallait se rapprocher des actes originaux, de naissance et de baptême. Nous avons retrouvé les quatre actes, les deux civils qui se trouvent en mairie et aux Archives de la Savoie à Chambéry, et les deux religieux qui sont actuellement entreposés à l'évêché de Moutiers.

 

1er acte : Il se trouve en mairie de Notre-Dame-du-Pré

Acte de naissance n°8

Ce premier acte a été transcrit par le secrétaire de mairie de la commune, et le maire, Amand GUERIN, l'a signé. Il a été transcrit sur les deux registres tenus à cet effet, "le 22 mai à neuf heures du matin". Le père Eugène CHARLET est venu lui-même déclarer son enfant né de Justine TERRAZ "le 20 mai à deux heures du soir" et il "a déclaré lui donner le prénom de César". Les témoins de la naissance qui signent sur le registre sont "Dominique DESCHAMPS, âgé de vingt-cinq ans, et Rémi DESCHAMPS, âgé de vingt-cinq ans, tous deux cultivateurs, domiciliés à cette commune." Tous signent sur le registre.

 

2e acte : Il est disponible aux Archives départementales de la Savoie, à Chambéry. Sa cote est [730190_AD73_3e2237_p235 et p236]

Acte de naissance n°8

 

Il a été transcrit par le même secrétaire de mairie, dans les mêmes termes et signé par le maire, les deux témoins et le père Eugène CHARLET. Transcrit à l'identique, il avait été envoyé en préfecture, il a été ensuite déposé aux Archives départementales.

Il mentionne également que son père "a déclaré lui donner le prénom de César".

Comme pour le premier acte, il porte en marge, la mention de son décès "le 27 septembre 1947", mais aucunement celle de son mariage en 1891, époque où la mention marginale n'était pas encore obligatoire.

En marge, se trouve transcrit un acte qui ne le concerne pas, celui d'une naissance oubliée dans le registre et transcrite en 1874. Elle ne nous intéresse pas.

3e acte : Il se trouve dans le registre de catholicité de l'année 1867, aux Archives diocésaines de Moutiers.

Acte de baptême n° 9

 

Le jour-même de sa naissance, "le 20 mai 1867", l'enfant est présenté à l'église par Josué DESCHAMPS pour son baptême qui a lieu "à six heures du soir" et "l'enfant a reçu le nom de César". Les parrain et marraine sont César TERRAZ représenté par Josué DESCHAMPS, le déclarant, et Louise CHARLET, elle-même. C'est le recteur RULLIER qui l'a baptisé et qui a signé l'acte.

Pourquoi n'est-ce pas le père qui présente l'enfant ?

Eugène CHARLET était colporteur et devait se trouver éloigné de Notre-Dame-du-Pré ; cela explique aussi le décalage de la déclaration en mairie, deux jours plus tard.

Qu'est-ce que le "registre de catholicité" ?

Annuellement, après la fin de chaque année civile, le recteur transcrit tous les actes de baptêmes, mariages et sépultures sur un livret, doublant ainsi son registre.  Ainsi, les actes ne portent pas la signature des déclarants, seul le recteur signe après avoir apposé la mention « pour copie conforme ». Il envoie ce livret à l'évêché qui établit le registre annuel, pour toutes les paroisses de sa circonscription, de tous ces actes religieux, d'où son nom. C'est la raison pour laquelle on trouve les 86 paroisses de l'évêché dans des registres annuels de 1827 à nos jours.

4e acte : Il se trouve dans le registre des baptêmes "50P91" de 1861 à 1899, aux Archives diocésaines de Moutiers.

Acte de baptême n° 9

Nous découvrons un acte de baptême différent de celui du registre de catholicité.

Ce 4e acte porte la mention "et a reçu les noms de Marie César", le terme "Marie" est souligné. En réalité, l'acte a été "altéré". Tentons de donner une explication car à la lecture attentive, on découvre des ratures et des surcharges.

On peut ainsi déterminer qu'il y a eu des interventions successives :

1°) A l'origine, le rédacteur avait inscrit "Marie César" dans le texte et "Mie César" en marge (abréviation comme dans les autres actes du registre) et l'expression "les noms" comportait des "S" terminaux.

2°) Dans un deuxième temps, les termes "Marie", "Mie" et les "S" terminaux ont été grattés. En même temps, le terme "Marie" du texte a été remplacé par une barre d'annulation

3°) Plus tard, une autre main, d'une encre différente, a réinscrit les "S" terminaux, le terme "Marie" dans le texte, au-dessus de la barre, et le terme "Marie" en entier dans la marge.

Les preuves en sont les traces de grattage, l'encre plus pâle, la graphie différente du "M" et les deux points présents au-dessus du "i" de "Marie" dans la marge.

               

La barre d'annulation         En marge                   abréviation              les "S" du pluriel

Cela peut s'expliquer de la façon suivante.

Tout d'abord, c'est le 1er acte qui a été établi à Notre-Dame-du-Pré, aussitôt après la naissance de l'enfant. A la suite du baptême, le recteur a inscrit les noms de l'enfant selon la déclaration de Josué DESCHAMPS, "Marie César". Mais le père, à son retour de colportage, a demandé de rectifier le prénom en "César", tel qu'il le désirait et l'avait déclaré en mairie, deux jours après la naissance. Le recteur Rullier s'est donc plié à la demande du père et a gratté les termes erronés et, en fin d'année, il a transcrit correctement l'acte sans mentionner le terme "Marie" pour l'évêché, respectant la volonté du père et en tenant compte de sa propre rectification.

Plus tard, une autre personne (?) est intervenue pour rétablir les premiers termes ; cette transformation n'a été faite ni par le père ni par la mère de César qui avaient donné le même prénom en mairie, ni par le recteur lui-même qui avait déjà envoyé la transcription à l'évêché.

Ce ne peut être que par une personne étrangère à la mairie, à la cure et à l'évêché, sans doute pour deux raisons que nous pouvons avancer :

  • *ajouter à "César" un second prénom qui soit celui d'un saint existant car il n'y a pas de saint portant ce prénom (les empereurs romains combattant les juifs et les chrétiens n'ont pas été honorés par l'Eglise catholique) ;

  • *mettre César "sous la protection" de la patronne de la paroisse, dans un intérêt purement religieux.

Mais changer un prénom sur un seul registre n'a aucun sens car seul le registre de cure a été "altéré". Ce que la personne ne savait sans doute pas, c'est que l'acte était toujours transcrit en quatre exemplaires, à cette époque.

Il ne peut s'agir que de sa fille Philomène, "Sœur Marie-Jeanne" en religion, qui voulait donner un "caractère religieux" à ce qui, à ses yeux, ne l'était pas.

Car, étant "garde-malades" de profession, elle s'est employée à s'occuper personnllement de sa famille en toutes circonstances. C'est elle qui a établi, de sa main, l'éloge funèbre de sa mère ; c'est aussi elle qui s'appropria, après la mort de César, la croix et le cœur pour les faire fondre pour les objets du culte ; c'est encore elle qui fit inscrire, sur le mémento, le prénom de "César-Marie", en inversant les deux termes, ne se souvenant sans doute plus qu'elle avait rajouté le second prénom devant le premier, et non pas derrière celui de "César".

Mais, on l'excusera d'avoir agi, encore une fois, dans un simple but religieux, bien qu'en contradiction avec la vérité prônée par l'église, "pour que son père gagnât son paradis parmi les saints de Dieu !"

Ainsi, nous rendons à César CHARLET, né le 20 mai 1867, son véritable prénom de

"César" !

Bernard-Marie PAJANI

arrière petit-fils de César CHARLET

15 avril 2009

 


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Je suis aussi à la recherche des camarades des classes fréquentées.
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