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25 janvier 2020 6 25 /01 /janvier /2020 08:01

Samedi 25 janvier à 11h à la médiathèque

Lecture du livre de Bernard Pajani "Le journal d'une jeune Bourgeoise..." par le groupe de lecture "A haute voix".
Livre de la sélection "prix du patrimoine 2019" du Village-Musée de Grésy-sur-Isère

Tout public. Entrée libre.

 

La confection du tableau de soie de Victor-Emmanuel par la Manufacture de Faverges

Vendredi 19 mars 1858.

Aujourd'hui, c'est demi-fête ; les unes vont à la grand-messe et les autres travaillent. Après midi, la rue étant bien sèche, nous nous décidons à en jouir ; en conséquence, nous arpentons plusieurs fois la rue Victor-Emmanuel et nous rentrons. Mme Fallion vient nous voir pendant Vêpres, ensuite Amélie Neyret. Comme nous devons aller à 4h ½ à la teinture pour voir le tableau de soie que l'on envoie à l'exposition de Turin, nous engageons ces dames à venir avec nous ; nous recrutons Annette, et nous partons. Nous formons une bande respectable, huit dames et Papa, aussi à mesure que nous arrivons à la teinture, nous lâche-t-on la vapeur sur les pieds, nous fait-on voir le diable et mille autres gentillesses et curiosités. Nous montons ensuite pour voir le tableau. Mr Sadon veut bien nous donner les explications utiles. Le tableau a six compartiments et dans chacun il y a une couleur différente qui contient 20 nuances se réunissant au milieu par le blanc. De loin, cela fait un joli effet, les couleurs se fondent très bien. Des connaisseurs en teinture apprécieraient mieux encore que nous ce beau travail. Nous partons en remerciant Mr Sadon de sa complaisance qui par-dessus le marché a encore voulu peser Papa. Mr Ducroz, disait-il, pesait 104 kilos et Papa 111, Maman 55. Enfin, nous sommes partis, ces dames nous ont quittés et nous avons passé la veillée avec Annette.

La propriété de Balmette est vendue à M. Comte.

Jeudi 18 novembre 1858.

"Maman va à Balmette avait Gascay et un ouvrier, pour arracher les mûriers de Mme Vayrat. Comte qui a acheté la maison et le verger, nous a permis de les prendre. Il fait un temps magnifique, le soleil est chaud ; aussi, nous allons à la Conche voir planter les mûriers et nettoyer les arbres. Comme Maman avait emprunté ce matin un petit bateau à Balmette, pour ramener les mûriers, nous allons le rendre, Célestine et moi.

Le lac est bien calme, et notre premier essai maritime réussit très bien. Un quart d'heure après notre départ, nous entrons majestueusement dans le port de Balmette. Nous revenons à pieds, avec Maman qui est venue à notre rencontre. Nous tricotons presque jusqu'à la nuit dans le verger de la Conche, sans ressentir le moindre froid, il y a déjà bien longtemps que nous n'avons pas pu travailler en plein air. Vers 6 heures, Papa arrive de Doussard. Il nous raconte différentes choses, et nous donne des détails sur la mort et l'enterrement de Mr Bigex. Puis, nous nous couchons."

La venue de l'Empereur Napoléon III et de l'Impératrice Eugénie en Savoie

Jeudi 30 août 1860.

"Mr Ruphy a fait des préparatifs depuis 15 jours et il a réuni la haute société de Faverges et d'Annecy pour recevoir ces illustres promeneurs. Nous trouvons entre autres Aspasie et sa famille 1, Mr de Villette et la sienne 2, Mme Blanc Jules 3, etc. Les demoiselles Ruphy en robes blanches et en coiffures, des bouquets à la main, des compliments sur les lèvres attendent le moment solennel avec une religieuse impatience. Mais pendant que nous admirons tous les préparatifs depuis notre modeste bateau, dans lequel cette noble compagnie daigne à peine nous jeter un regard, leurs yeux tournés sans cesse vers le couchant, croit avoir le vertige en voyant disparaître au contour de Chère le bateau impérial et sa précieuse cargaison. Mais il fallut bien se rendre à l'évidence et mettre sa mauvaise humeur dans sa poche, quand ils virent les voitures remonter tranquillement et reprendre la route d'Annecy, où leurs Majestés contre toutes les lois de la politesse se rendaient sans avoir fait leur révérence à Mmes Dalmais, de Villette, Duport, etc. etc."

1 Il s'agit de la famille de Mauris Antoine RICHARD BLANC, neveu du baron Nicolas BLANC, député au Parlement sarde avant l'Annexion, élu syndic de Faverges en mars 1860, qui a bâti l'actuelle mairie de la ville. Mlle Aspasie est sa fille.

2 M. de Villette est le comte Théophile Victor de CHEVRON VILLETTE, né le 16 août 1806 à Giez, officier sarde et homme politique du duché de Savoie, avant l'Annexion.

3 L'épouse de M. BLANC Jules (voir note n°1) est l'américaine Mlle GEBHARDT Mary Elisabeth. En 1861, ils habitent Rue Centrale, maison 63, famille 122 (n°431). L'ensemble de la maison comporte 15 personnes. Aux trois enfants, s'ajoutent une institutrice Marie ANSELME, deux bonnes Marie FILLETTAZ et Sophie MOINAZ, deux cuisinières Marie QUEREL et Françoise PORTIER, une gouvernante Franchette PERISSIN, une repasseuse Marie REPLUMAZ, un valet de chambre Jacques MARMON, un cocher Jean QUYBY, et un jardinier Louis DUVERNAY.

La visite du sénateur LAITY

Vendredi 13 avril 1860.

"De bon matin déjà, la garde nationale de Viuz arrive pour se joindre à celle de Faverges, et à 8 heures, ils vont tous à la Fontaine pour faire l'exercice. La rue est toute pleine de gens qui attendent, les fenêtres sont garnies de drapeaux et tout le monde paraît plein d'enthousiasme. Amélie Neyret et Mme Sidonie nous envoient demander des places à nos fenêtres, nous en offrons avec plaisir. À 10 heures, la garde nationale revient s'échelonner dans notre rue, musique en tête. Amélie arrive bientôt après, et nous nous installons à la fenêtre. Nous voyons dans la foule Mme Arquiche et ses enfants qui ne sont pas bien placés, et nous descendons lui offrir une de nos fenêtres, ce qu'elle accepte avec empressement. Mlle Joséphine Revil vient aussi nous demander une petite place, ce qui nous forme à la fin une nombreuse et agréable société. Enfin, à midi, les détonations des boîtes annoncent que la voiture a paru au Villard, et à midi et quart, la musique joue l'air national français '' Partant pour la Syrie '', pendant que Mr le sénateur Laity descend de voiture à l'entrée de la ville. Il suit d'abord une averse de compliments, puis il s'avance majestueusement, saluant de tous côtés, et causant avec Messieurs Baudé et de Lachenal. Il s'arrête dessous nos fenêtres pour saluer et serrer les mains aux anciens soldats du premier empire qui sont deux à deux ralliés sous le drapeau français, il paraît excessivement content de les voir et promet de parler d'eux à l'empereur d'aujourd'hui. Pendant ce temps, nous pouvons bien examiner Mr Laity ; c'est un homme assez grand, jeune encore, blond, gracieux, assez bien de figure, et parfaitement digne. Il est suivi seulement dans son voyage par son secrétaire qui a aussi très bonne façon.

Ces messieurs conduisent Mr le sénateur à l'hôtel-de-ville pour prendre des rafraîchissements, il paraît un instant sur le balcon pour saluer et remercier encore, et les cris de '' Vive l'empereur, Vive la France '' éclatent de tous côtés. Il descend ensuite pour aller au château dans une des voitures de Mr Blanc Jules avec Mr Baudé, tous les autres montent à pieds par un chemin plus court.

Toutes ces dames nous quittent alors pour aller dîner, excepté Amélie qui a reçu l'ordre de sa mère, de nous traiter aujourd'hui, et malgré nos réclamations, elle fait apporter un joli petit dîner par Germain, cuisinier à la mode.

Nous interrompons souvent notre gai et modeste repas, pour venir à la fenêtre, de crainte qu'il ne se passe quelque chose que nous ne voyions pas. La garde nationale est toujours là, sur deux lignes, et Mr Guigoz qui est un officier aujourd'hui, et qui s'ennuie d'attendre, monte pour trinquer avec nous. Mais on vient bientôt le chercher pour aller à la maison de ville, car Mr Laity est descendu du château, et est à table dans la salle à côté du grand salon, avec tous les syndics du mandement, et quelques autorités de Faverges. Là, on lui fait encore de nombreux compliments, et il y répond par des paroles très aimables, et des remerciements sur la manière dont il a été reçu ici. Puis, à 2 heures ½, il monte en voiture pour aller à Ugines et Albertville. J'ai oublié de dire qu'en descendant du château, Mr Laity a fait la revue de la garde nationale, avec le capitaine Mr Henri Tappaz ; là encore, nous avons pu le voir tout à notre aise."

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  • Pajani Bernard-Marie
  • J'ai parcouru tout le territoire savoyard, d'Ugine à Thonon, en passant par Faverges, La-Roche-sur-Foron, Bonneville, Albertville, Sevrier, Annecy pour revenir à Faverges.
Je suis aussi à la recherche des camarades des classes fréquentées.
  • J'ai parcouru tout le territoire savoyard, d'Ugine à Thonon, en passant par Faverges, La-Roche-sur-Foron, Bonneville, Albertville, Sevrier, Annecy pour revenir à Faverges. Je suis aussi à la recherche des camarades des classes fréquentées.

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